Sarkozy : vie privée / vie publique

Publié le par Marion Mourgue

Les médias accordent trop de place à la vie privée du président Nicolas Sarkozy, estiment 93% des Français, selon un sondage TNS-Sofres dans La Croix paru aujourd'hui.

Il est vrai que ces derniers temps, hebdos et quotidiens ont eu du mal à ne pas évoquer les histoires de coeur du président. Des histoire qui font vendre... une considération prise en compte par les titres en ces périodes de crise de la presse écrite.

Les journalistes sont-ils les seuls à mettre en cause? Pas sûr...


Ce sondage m'a aussi rappelé un déplacement à l'étranger que j'ai trouvé assez révélateur sur cette confusion vie privée / vie publique entretenue par le président. Le voyage à Wolfeboro, dans le New Hampshire aux Etats-Unis, où le chef de l'Etat a séjourné pendant deux semaines en août avec Cécilia Sarkozy et quelques amis.

Qu'en ressort-il? Le président Sarkozy a imposé un nouveau style. On le sait, on a beaucoup parlé de rupture. Mais plus encore, le nouveau style réside aussi dans la manière de "travailler" avec les journalistes. Car c'est lui qui fixe la limite entre ce qu'il considère relever du domaine privé et ce qui appartient au domaine public. C'est lui qui détermine le moment où les questions peuvent être posées, dans quel contexte et avec quelle précision.

Par exemple, cet été à Wolfeboro, Nicolas Sarkozy a rejeté toute demande d'interview "officielle" c'est-à-dire un face-à-face journaliste/président dans un bureau. Mais il en a accordé à longueur de temps lorsqu'il courait, le long d'un sentier, pendant son jogging.

Pourquoi les refuser dans un premier cas, les accepter dans un autre? Parce qu'il est plus facile d'esquiver les questions dérangeantes quant les journalistes se poussent dans un sentier, plutôt que quand l'un d'entre eux est assis au calme dans un bureau, ses notes sur ses genoux, la concentration à son niveau maximal.

Dans le premier cas, les journalistes doivent parvenir à entendre quelque chose, à se faire une place et sont nombreux. Chacun d'entre eux a envie de poser une question : ils n'ont donc pas la possibilité de reposer une question si le président ne leur a pas répondu. Dans le second cas, le journaliste a tout le temps de revenir sur une question si Nicolas Sarkozy n'y a pas répondu.


Habile technique, qui permet de mener la danse et d'empêcher les journalistes de poser des questions pointues sur des sujets précis. Et de les laisser simplement évoquer la surface des choses... et notamment ce qui est mis en scène de l'autre côté : la vie privée.




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